Après un pic en 2015, les valorisations reculent à 8,5 fois le résultat d’exploitation selon l’indice Argos.
Les acheteurs reprennent le pouvoir dans les opérations de fusions-acquisitions. Après le pic atteint en fin d’année dernière, les prix d’acquisition entament une baisse marquée. Selon le dernier indice Argos, les valorisations ont reculé de 6,6 % au premier trimestre à 8,5 fois le résultat d’exploitation des sociétés cibles. Un repli qui n’avait pas été constaté depuis la bulle de 2006, et qui pourrait dès lors faire craindre un nouveau scénario de déflation accélérée.
Ce recul touche plus particulièrement les transactions signées par des fonds d’investissement, qui offrent près d’un tour de moins de multiple qu’en décembre (8,2 fois). « Les marchés financiers plus volatiles et le niveau élevé d’incertitude économique ont interrompu la dynamique du marché des fusions-acquisitions, bien que les taux restent favorables au financement. Les acquéreurs sont plus prudents et plus sélectifs, et un volant important de cibles peut ne pas trouver preneur. Dans ce contexte, la prime va aux dossiers dont les paramètres financiers sont très prévisibles sur la durée », étaye Raphaël Bazin, directeur des participations chez Argos Soditic, alors que les transactions de M&A ont reculé de 14 % en valeur en Europe.
Ce recul est particulièrement marqué pour les cibles de taille moyenne entre 15 et 150 millions d’euros, dont le multiple d’acquisition recule de 9,2 fois à 7,9 fois l’ebitda. « Certains acquéreurs peuvent considérer que le risque d’acquisition est trop élevé compte tenu de la faible part de marché gagnée en retour », poursuit ce dernier.
En revanche, les industriels résistent encore à la déflation, en particulier pour les transactions de 150 à 500 millions d’euros. Ils sont prêts à offrir jusqu’à 9,1 fois le résultat d’exploitation. « Ils disposent d’une trésorerie importante, peuvent valoriser leurs synergies, et les acquéreurs industriels étrangers notamment restent très actifs sur le continent européen», note Raphaël Bazin.